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🍿 Cinéma : La Vraie Famille, un film de Fabien Gorgeat

Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant confié chez eux par l’assistance sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ».


Dans le dernier film dont nous avons parlé, Placés, on abordait la question des foyers d'accueil et plus spécifiquement des MECS (Maisons d’Enfants à Caractère Social). Dans le film La vraie famille, Fabien Gorgeat, le réalisateur, met en avant un autre aspect de l’Aide Sociale à l’Enfance : les familles d’accueil. Ce touchant mélodrame dépeint la complexité de l’Aide Sociale à l’Enfance et le métier de famille d’accueil.


On y découvre une écriture belle et douce, mais surtout autobiographique. En effet, Fabien Gorgeat a réalisé le film en s’inspirant de sa propre expérience. Sa famille a accueilli un enfant à l’âge de 18 mois, parti six ans plus tard. Cela permet de donner une réelle sincérité au film. On découvre de l’intérieur un parcours d’une famille d’accueil, pas uniquement du point de vue de l’enfant confié mais aussi de la famille, particulièrement de la mère, et du père biologique. Le film aborde le cadre et les règles à respecter pour la famille d’accueil. Par exemple, Simon doit aller à la messe et faire sa prière tous les soirs comme l'a demandé son père ; il doit aussi avoir sa propre chambre. Cela nous permet de mettre un pied dans le monde de l’Aide Sociale à l’Enfance pour mieux la comprendre.


Ce qui touche dans ce long-métrage, c’est aussi la justesse des personnages. Le réalisateur a fait le choix de ne pas mettre en scène de grands méchants ou d’antagonismes, ce à quoi on pouvait s’attendre en voyant le père biologique de Simon revenir pleinement dans sa vie. Cependant, ni lui, ni la famille d’accueil même les institutions ne sont coupables. C’est une réalité complexe qui est dépeinte, où chaque personnage essaye de trouver sa place, et fait de son mieux avec ses moyens. Cette approche objective est permise par deux choses : tout d’abord une caméra qui ne juge pas. Elle ne représente qu’un regard compatissant sur chaque protagoniste mais jamais accusateur. Et ensuite un jeu d’acteur particulièrement juste dans l’approche du sujet : on peut donner une mention spéciale à Mélanie Thierry, qui joue Anna. Elle explique dans plusieurs interviews avoir beaucoup tiré son inspiration de son expérience de mère et cela permet une interprétation bouleversante dans son rôle de maman dans la famille d’accueil. C’est cet équilibre délicat qui ne tend pas vers un pathos lourd et larmoyant qui permet de mettre en scène cette situation particulière.


En somme, La Vraie Famille a été récompensé par le Prix du Jury au Festival d'Angoulême. C'est un film qui ne laisse pas indifférent et dont on ne peut en ressortir indifférent (ou en tout cas, pas pour moi qui ai sangloté pendant la moitié du film). Il réussit à aborder un sujet difficile avec une grande justesse, sans juger les personnages et en offrant une vision empathique de la situation. Dans la lignée de Placés, La Vraie Famille de Fabien Gorgeat s’affirme comme un film qui veut dépeindre une image moins sordide et fataliste de l’Aide Sociale à l’Enfance et les acteurs qui l’entourent, afin de mettre en avant l’amour qui enveloppe ces enfants.


Ce n’est pas le cas de tous les films, comme ce n’est pas le cas de toutes les situations. Nous aborderons la prochaine fois des films aux regards plus durs sur l’Aide Sociale à l’Enfance pour mieux toucher du doigt la provenance des préjugés sur ces enfants, mais aussi comprendre les limites de ces institutions dans certaines réalités.


Bande annonce


Anne Besse

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